38ème DIVISION D'AFRIQUE

Publié le 29 janvier 2024 à 22:37

Sur un mur de mon atelier, j’ai accroché cette photo que je regarde toujours avec beaucoup d’émotion. Elle fut prise pendant la guerre de 1914 - 1918 près du front de la bataille des Flandres. On y voit mon grand-père maternel portant la barbe, au premier rang à gauche, entouré de ses camarades, tous dans leur uniforme de la 38ème Division d’Afrique, 4ème Régiment de marche de Zouaves, 10ème Compagnie. Il m’avait souvent parlé de cette photo pour me dire que certains de ses frères d’armes n’étaient pas revenus et qu’il ne fallait surtout pas oublier non plus ces Berbères morts pour la France. Il me disait avoir eu beaucoup de chance de survivre même s’il avait été gazé et touché par l’explosion d’une torpille. 

Je garde encore en souvenir la petite timbale en aluminium qu’il avait gravée avec un clou et un marteau (pour sa fille - ma mère - née en 1909) pendant son séjour dans une antenne médicale après ses blessures dans les tranchées en avant de Nieuport (Belgique). Récemment encore, en faisant des recherches sur les ancêtres Berbères de mon épouse, j’ai pu constater que son arrière-grand-père maternel, Mohamed Boukercha, originaire de Taya (Wilaya de Sétif)) était tombé au front dans la tranchée de Lubeck (Marne) le 6 octobre 1915. C’est pourquoi, nous tous, enfants de la génération 1945 avons gardé un immense respect à l’égard de ces anciens qui se sont sacrifiés pour que nous puissions vivre libres. Hélas, les guerres laissent souvent des cicatrices qui ont du mal à se refermer. 

Ainsi, je ne suis pas près d’oublier ce jour de l’année 1967 où je fis, à Nice, la connaissance d’une ravissante jeune fille nommée Monika ce que je m’empressais d’aller raconter à ma mère qui recevait ce moment-là un ancien combattant. J’eu droit à une volée de bois verts de la part de ce rescapé de la bataille de Monte Cassino. « Après tout ce que les allemands nous ont fait ! Tu as oublié ? ». Et pendant des minutes interminables, j’ai dû entendre encore le récit de toutes les horreurs et atrocités commises par les nazis, tortures et massacres de civils. Tout cela parce que Monika était allemande ! Certes, à l’Ecole Normale les enseignants n’avaient pas manqué de nous projeter dans la salle de conférence, le film Nuit et Brouillard sur les camps de concentration ce qui nous avait terrifiés. 

Notre professeur d’histoire nous avait exposé également, force documents à l’appui, les récits des principaux raids aériens de la seconde guerre mondiale et même si les cibles de ces raids devaient être des infrastructures militaires, on sait que des centaines de milliers de victimes civiles ont péri, que ce soit du fait de la Wehrmacht ou de l’aviation alliée. Ces survivants sortant des décombres de leurs maisons bombardées, les yeux hagards, à la recherche d’un disparu, de quelque nationalité qu’ils soient, étaient des victimes de la folie des hommes. C’est moche la guerre, mais tous ne la voulaient pas et l’on sait que certains soldats ou civils allemands avaient refusé la logique de ces affrontements en allant sympathiser avec ceux qu’ils n’acceptaient pas de considérer comme leurs ennemis. 

Alors aujourd’hui, pour nos enfants, il est temps de regarder vers l’avenir au lieu de ressasser les blessures du passé. Si on ne refait pas l’histoire, essayons au moins d’en tirer des leçons au lieu de rechercher sans cesse des coupables qui doivent faire « repentance »… J’ai été « bluffé » l’autre jour quand un bijoutier Marocain, commentant ce sujet, m’a cité cette phrase mémorable de l’Evangile selon St Jean [Jean-8] : « Que celui qui n’a jamais pêché jette la première pierre ».

 

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