QUAND LES AGENTS DE L’ETAT MANQUENT DE PSYCHOLOGIE – LA POLICE MAL AIMEE ? A QUI LA FAUTE ?

Publié le 29 janvier 2024 à 05:07

 

Vers la fin de l’année 2022, pour éviter de faire la queue aux stations d’essences, je décidais une nuit, les rues étant quasiment désertes, d’aller faire un plein d’essence avec notre voiture et je rentrais tranquillement à mon domicile. Quittant la route principale X de l’agglomération pour tourner rue Y, les gyrophares bleus d’un véhicule de police sont apparus dans mon rétroviseur et je m’arrêtais sur le bas-côté un peu surpris. La jeune femme en uniforme qui s’approcha de moi me parla comme si j’étais sénile m’enjoignant de couper le contact. Faisant part de mon étonnement aux deux autres policiers qui contrôlèrent mes papiers, je n’eus droit qu’à cette remarque désobligeante : « On vous suivait discrètement et vous n’avez pas mis votre clignotant en tournant route X. Ça fera trois points en moins sur votre permis et bientôt, ce sera la trottinette pour vous ! ». Il était clair que ces policiers étaient à l’affût ce soir-là pour en arriver à verbaliser un conducteur de 77 ans qui rentrait tranquillement chez lui et n’avait pas mis son clignotant empruntant des rues désertes. Je n’ai pas manqué de leur faire remarquer par ailleurs ces propos déplacés indignes de fonctionnaires de police ; ce qu’ils n’ont pas apprécié en disant que j’étais bien agressif. On le serait à moins. C’est pourquoi j’ai saisi immédiatement le ministre de l’Intérieur pour l’informer de ce genre de comportement qui n’arrange rien au climat délétère qui règne entre les policiers et la population et voici en substance cette lettre dont j'attends toujours une réponse :

Monsieur le ministre,

Je suis un ancien fonctionnaire de la Place Beauvau et à ce titre, je me permets d’intervenir auprès de vous sur l’épineux sujet des relations entre la police nationale et la population qui me préoccupe personnellement au vu de multiples déconvenues. En effet, j’ai été très déçu de constater que mon appartenance à ce corps de métier devait faire l’objet, à certains moments, d’un rejet presque viscéral de la part de catégories de personnes les plus diverses, tant par ceux qui connaissaient mes fonctions que par des inconnus qui avaient repéré certaines vignettes que j’avais collées par fierté sur mon véhicule. J’ai donc dû, à regret, retirer de mon pare-brise les écussons de la MGP et de l’Orphelinat Mutualiste de la Police, pour éviter par exemple, d’avoir les pneus crevés…

J’avais toujours mis beaucoup de cœur dans l’accomplissement de mon travail au ministère, d’autant que je mesurais la chance que j’avais de pouvoir servir des directeurs prestigieux qui m’ont beaucoup appris et confié des missions intéressantes et sensibles. Je n’ai pas compté mes heures au détriment de ma famille qui me voyait souvent rentrer tard le soir et c’est avec une certaine émotion que j’ai reçu en fin de carrière la Médaille d’Honneur de la Police.

J’étais fier d’appartenir à cette grande maison mais je dois maintenant affronter, non seulement les habituelles méfiance et haine de certains de mes concitoyens mais en plus la maladresse de la part de fonctionnaires de police irrespectueux qui me traitent comme si j’étais un voyou, sans parler bien-sûr des suites ahurissantes données aux affaires par la Justice : Est-il normal qu’un adolescent se fasse agresser sans raison par deux parents d’élèves à la sortie des classes, qu’il doive se défendre pour s’en sortir tout de même avec un tympan éclaté et dents déchaussées, qu’il reçoive ensuite quinze jours d’ITT du médecin légiste, pour être gratifié d’un rappel à la loi (suggéré par le policier qui a instruit l’affaire) sans parler du substitut du procureur qui ose lui dire « pourquoi n’êtes-vous pas parti au lieu de vous défendre quand on vous a agressé » ! Hélas ce n’est pas le seul exemple autour de moi et vous comprendrez pourquoi les gens sont parfois découragés d’aller porter plainte.

Concernant les contrôles routiers, je ne me permettrai pas de contester leur nécessité tant nous avons à subir journellement des incivilités, des refus de priorité et autres. D’ailleurs, en tant qu’automobiliste, je ne prétends pas avoir un comportement sans reproches. Mais jamais je n’ai fait preuve d’aucune violence au volant. Par contre, j’ai souvent été contrôlé à divers endroits du territoire, parfois de façon musclée, pour des raisons inexpliquées et sans qu’il n’y ait aucune suite ni excuse. A telle enseigne que le simple fait de voir un gyrophare bleu dans mon rétroviseur peut devenir angoissant.

Certes, tous les policiers ne sont pas maladroits, heureusement, mais le comportement de certains d’entre eux qui ne font aucune différence entre un citoyen tranquille et un délinquant m’inquiète. Dans ces conditions, il est difficile de ne pas perdre son sang-froid.

Tout ceci fait craindre une aggravation des tensions entre les citoyens et leur police, un rejet de tout ce qui se rapporte à l’application de la loi, sans parler des contestations en tout genre qui ne manqueront pas d’être récupérées par les politiques extrémistes d’autant qu’aujourd’hui, la culture tombe en ruine. On fabrique des individus « suiveurs. Je suis très inquiet sur la montée de la violence et de ces idées d’anarchie et de désordre… L’ordre public semble en danger à cause d’une permissivité qui commence dans l’éducation et se poursuit dans la justice. Le fait que la police soit mal-aimée dans ce contexte n’est pas surprenant. C’est pourquoi, je me permets de vous adresser ce long propos avec l’espoir qu’une solution puisse être trouvée…afin d’éviter une aggravation de cette situation où l’on entend trop souvent dire que les délinquants ne sont pas, ou peu poursuivis et que la police préfère infliger des amendes aux automobilistes afin de « faire des crânes ». Je vous remercie de l’attention que vous voudrez bien porter à ma lettre et vous prie de croire, Monsieur le ministre, en l’expression de ma plus haute considération.


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