ABD-EL-KADER

Publié le 19 mars 2024 à 02:38

ABD-EL-KADER

Il ne s’agit nullement ici de détailler les causes et conséquences du débarquement des troupes de Charles X en 1830 en Algérie car les raisons de cette opération controversée sont complexes. Les erreurs du passé, qu’elles soient le fait des uns ou des autres, doivent plutôt nous servir de leçon pour ne plus les reproduire. Raviver sans cesse d’anciennes blessures est malsain car on ne refait pas l’histoire. Je souhaite ici parler d’un homme considéré comme un modèle de droiture et de courage, figure majeure de fraternité et de tolérance dans l’islam.

Abd El-Kader est né le 6 septembre 1808 à La Guetna en Algérie. Il est issu de la tribu des Hachem. A cette époque l’Algérie était sous la domination des Turcs et sa population, (environ trois millions d’habitants), essentiellement des berbères, était composée de cultivateurs et de pasteurs. Abd El-Kader reçut une sérieuse éducation, tant religieuse que martiale, qui fit de lui un excellent cavalier et un courageux soldat. Il fit des études poussées à Arzew et Oran, tant en littérature qu’en mathématiques, astronomie, histoire, philosophie et à dix-hui-ans, accompagné de son père, il partit en pèlerinage à la Mecque et voyagea en Egypte.

Quand l’invasion Française mit fin à la domination turque, les tribus berbères d’Oranie lui prêtèrent serment et à 20 ans il s’engagea dans la guerre contre les soldats Français, prenant le commandement de la résistance Algérienne, se révélant être un redoutable adversaire.

Après l’échec du traité Desmichel pour une entente en 1834, il reprit la lutte et remporta une victoire en 1835 à Macta. Des combats sans merci se poursuivirent et devant l’importance des effectifs de l’armée Française, il capitula en 1843 se réfugiant au Maroc d’où il entreprit une série de raids jusqu’aux portes d’Alger en 1845. C’est sous la pression du sultân du Maroc qu’il accepta de se rendre aux Français en 1847.

Il fut d’abord emprisonné avec sa garde rapprochée à Toulon puis transféré au Château d’Amboise en 1848. Son attitude toujours digne et réservée suscita une grande sympathie des populations locales à son égard. Le journal « Le Progrès de l’Indre » publia le 10 novembre 1848 cet article sur l’arrivée d’Abd-El-Kader et ses hommes : « Abd el-Kader est arrivé à Amboise à 11h30 du soir ; ils ont débarqué sur la grève, près du pont ; se sont assis en rond, les jambes croisées à la manière de leur pays. Les voitures qui attendaient sur le quai ont immédiatement conduit, l’Emir et sa suite, au château. Malgré l’heure avancée, une grande partie de la population assistait à ce spectacle. ». Le capitaine Boissonnet veilla à ce que ses hôtes puissent vivre en conservant leurs coutumes dans le cadre des lois Françaises. L’Emir était accompagné de son épouse Lella Khira et de sa mère Lalla Zorha. Malheureusement, cette captivité fut mal vécue par ses hommes dont nombreux tombèrent malades, se laissant mourir.

Il fallut attendre le printemps 1851 pour que le gouvernement accepte des sorties en dehors de l’enceinte du château. La soumission, le courage et la force qui caractérisèrent Abd El-Kader lors de son exil en France inspirèrent le respect de nombreux Français. Même, ses plus farouches opposants reconnurent en lui un grand homme. Ainsi le général Daumas dit de lui « Vous avez connu Abd El-Kader dans la prospérité alors que, pour ainsi dire, l’Algérie tout entière reconnaissait ses lois ; et bien ! Vous le trouverez plus grand, plus étonnant encore dans l’adversité. Comme toujours, du reste, il domine la position. Doux, simple, affectueux, modeste, résigné ».

Louis Napoléon annonçant à Abd-El-Kader sa libération

(Tableau de Ange Tissier)

Le 16 octobre 1852 Louis Napoléon Bonaparte prononça sa libération. Le 21 décembre 1852 Abd El-Kader quitta la France pour Constantinople et s’établi à Brousse, en Asie Mineure. En 1855, Napoléon III l’autorisa alors à s’installer à Damas en Syrie lui accordant une pension du gouvernement Français. Entretenant une importante correspondance, il passa son temps à écrire et méditer. En juillet 1860, à la tête d’une troupe de guerriers Algériens, il s’illustra en arrachant du massacre des milliers de chrétiens de Syrie menacés par des émeutiers. En 1865 il revint et assista en 1869 à l’inauguration du canal de Suez. Il mourut en Syrie le 26 mai 1883 et fut enterré à Damas avant le transfert de ses cendres à Alger en 1964.

Abd-El-Kader devrait être aujourd’hui un modèle de l’identité Algérienne car, dans l’histoire de ce pays, il représente de grandes valeurs tant sur le plan spirituel que celui de la droiture et du courage.

JD 19/03/2024

***

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.