Nous sommes une famille multiculturelle et malgré notre bonne volonté et nos idées de fraternité et d’égalité sociale nous avons trop rarement été entendus tant par les enseignants que par les services sociaux quand nos enfants ont subi le harcèlement scolaire. C’est à croire que, dans ce domaine, les actions pour la protection de l’enfance se limitent à des effets d’annonce, au mieux des rapports stériles sans suite.
Après tant d’années passées au service de l’Etat il nous est pénible de constater aujourd’hui à quel point les parents sont démunis face à ces violences. Ainsi, notre fils Jean-Baptiste, cadet d’une famille de quatre enfants a eu, comme ses frères et sœurs une petite enfance joyeuse. Ce n’est qu’en arrivant au cours préparatoire que les ennuis ont commencé avec une institutrice qui le frappait. Par la suite et malgré les excellentes relations que nous avions essayé d’entretenir avec les différents chefs d’établissement, Jean-Baptiste a été sans cesse malmené jusqu’à la classe de seconde, au lycée X où tout a basculé. Nous rendons hommage ici à ces quelques enseignants du lycée X qui ont mesuré la détresse de notre fils et ont réunis une équipe éducative dès la rentrée scolaire. C’est à cette occasion qu’il fut relevé chez cet enfant les signes d’un possible syndrome asperger à l’origine de ses difficultés et peut-être aussi du rejet dont il est victime de la part des autres élèves.
Mais ces initiatives sont arrivées tardivement. Un incident de trop a eu lieu en classe le XX-YY-ZZZZ quand Jean-Baptiste a été insulté et pris à partie par un élève déjà signalé pour des violences scolaires. Le soir venu, pour ne plus retourner au lycée les jours suivants, Jean-Baptiste s’est infligé une blessure à la cuisse…. Il pensait que cela affolerait tout le monde mais resterait sans gravité. Hélas il en fût autrement car une fois transporté aux urgences et hospitalisé ensuite, une équipe de psychiatres ont rendu visite à Jean-Baptiste pour le questionner sur son geste alors qu’il était encore en soins, sédaté et pouvant difficilement réfléchir. Ses déclarations manifestement incohérentes ont ainsi été prises en considération avec toutes les conséquences que cela entraînait lors de la transmission du dossier psychiatrique aux services sociaux qui se sont empressés de mettre en œuvre la procédure de « l’information préoccupante » (IP). De plus, nous avons découvert avec stupeur que d’anciens rapports émanant de consultations externes dans un hôpital Y où Jean-Baptiste avait été examiné faisaient état de « tentative de suicide par intoxication médicamenteuse volontaire » (TS-IMV) ce qui était manifestement faux comme l’avaient prouvés les résultats d’analyse !! En effet, ce jour-là, pour ne pas avoir à affronter un professeur qui l’insultait, Jean-Baptiste s’était endormi en cours après avoir pris quatre milligrammes de Mélatonine, un médicament que l’on donne aux jeunes enfants pour les insomnies. Nous trouvons inquiétant que le psychiatre de l’hôpital Y ait affirmé « que la prise de Mélatonine (surtout à cette dose) pouvait entraîner la mort » Ubuesque ! Il n’est donc pas étonnant que la transmission de telles inepties ait déclenché l’hospitalisation sous contrainte de notre fils dans une unité psychiatrique (SPDRE) où il était en chambre blanche, sédaté avec force anxiolytique, neuroleptique et anti-dépresseur, le tout parmi des jeunes gens ayant de lourdes pathologies. C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’il a été agressé à plusieurs reprises par l’un de ces garçons qui avait tenté de l’étrangler.
Pour faire sortir notre fils de cet enfer psychiatrique, nous avons dû mener une rude bataille juridique et c’est grâce à l’intelligente intervention des magistrats de la Cour d’appel de Paris appuyée d’une expertise judiciaire sensée que Jean-Baptiste a pu regagner notre domicile au bout d’un mois (dans un piteux état).
Mais hélas nos déboires ne devaient pas s’arrêter là car les services sociaux se sont encore manifestés et nous avons dû répondre à une enquête de l’assistante sociale mandatée pour la cause (IP) qui est venue à notre domicile pour « évaluer » notre fils. Il nous fut posé toutes sortes de questions du genre « comment vous êtes-vous connu avant de vous marier ? », etc…avant que soit rendu un diagnostic ahurissant faisant état d’une situation familiale inquiétante où le harcèlement scolaire des enfants n’était autre que le résultat d’une sorte de paranoïa des parents ! Evidemment cette assistante sociale a poursuivi ses investigations et ses conclusions surprenantes au mépris du principe même du contradictoire, nous empêchant de nous exprimer en nous coupant fréquemment la parole, ne faisant valoir que son seul point de vue tendant à considérer, d’une part, que nous banalisions le geste de désespoir de notre fils et d’autre part que le harcèlement scolaire dont il était victime n’était que le résultat d’une perception conflictuelle des relations au sein de notre famille, arguant « qu’il y avait aussi des gens formidables autour de nous ». Manifestement cette dame était venue uniquement pour justifier sa mission : établir le fait qu’il s’agissait bien d’un enfant en danger.
S’il est des gens formidables en ce monde, ils ne sont certainement pas parmi ceux qui n’ont cessé d’empoisonner la vie de notre fils Jean-Baptiste dans un harcèlement scolaire de plusieurs années ou ces professeurs honteux qui insultent leurs élèves. Nous aurions aimé dans ces tristes instants que les assistantes sociales se saisissent du problème mais nous n’avons rien vu venir de ce côté-là et c’est bien regrettable. Notre combat contre ce fléau, nous l’avons mené seuls par des interventions incessantes auprès des chefs d’établissement et le geste de désespoir de notre fils avec toutes les conséquences ignobles qui ont suivi a été quelque chose de monstrueux.
A contrario, nous aurions bien voulu que l’on nous explique pourquoi les services sociaux n’avaient pas été saisis quand nous avions signalé à la police le jj/mm/aaaa qu’un camarade de notre fils était venu se réfugier chez nous (enregistrement vidéo à l’appui) pour fuir ses parents qui continuaient de le maltraiter. Si notre famille avait été si « toxique », cet enfant ne nous aurait pas dit en pleurant qu’il aurait bien aimé avoir les mêmes parents que Jean-Baptiste…
Nous avons donc récusé le principe de cette information préoccupante et avons fait savoir que nous étions prêts à en débattre devant l’institution judiciaire.
Le fait de dénoncer le harcèlement scolaire est un juste combat et ne doit être assimilé à une quelconque vision conflictuelle des relations sociales. Nous réaffirmons notre attachement aux idées de fraternité et de paix évoquées d’ailleurs dans une biographie sur nos origines (consultable sur internet).
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